22 novembre 2009

Bienvenue chez les fous: Mon séjour à l'hopital psychiatrique Razi (Mannouba)




« … vous allez pouvoir développer un mécanisme d’auto défense en passant par là ». C’est ce que mon psy m’avait dit concernant mon hospitalisation après ma tentative de suicide. Il m’avait dit aussi que ça me permettra de prendre du recul, de la distance. Au début, j’étais hésitant. J’étais conditionné comme la plupart d’entre nous qui avons froids au dos en pensant aux mots Mannouba, Razi, hôpital psychiatrique et autres. Franchement, j’avais peur de ce séjour chez les fous, comme l’on entend. Les fous… Personnellement, je ne trouve aucune définition à ce terme et je vais voir le sens dans un dictionnaire… Dans le dictionnaire, on dit que le fou est celui qui a perdu la raison… La raison c’est la faculté par laquelle l’homme connait et juge, c’est le bon sens. Il faut avouer que ce n’est pas la définition que tout le monde connait. Si on réalise une expérience simple en interrogeant les gens sur le sens de ce terme on dira probablement ‘celui qui parle tous seul’, ‘celui qui fait des gestes bizarres’ ou encore les malades mentaux. Ça fait vraiment mal au cœur. Comment peut-on qualifier un malade d’un fou ? Pensez vous que une personne sur cinq serait folle ? Devrais-je rappeler qu’une personne sur cinq aurait souffert d’un trouble mental au moins une fois dans sa vie (d’après l’organisation mondiale de la santé). C’est vraiment très compliqué avec les maladies mentales surtout avec toute cette stigmatisation et ce manque d’information. Parlons maintenant de mon séjour à l’hôpital… Razi se trouve à cinq dinars de taxi de chez moi, avant cela j’ai du préparé mon sac, mes vêtements, mes serviettes, un bouquin, un porte document, un stylo et aussi j’ai préparé mon téléphone en y mettant quelques films, quelques séries et beaucoup de musique. J’avais tout prévus. Quand j’étais avec le chauffeur je pensais à une réplique du film vie volée :

- qu’est ce que vous avez fait ? Vous avez l’air normal

-Je suis triste.

- Hein ! Tout le monde est triste…

Je m’attendais que le chauffeur me demande si j’y vais pour visiter quelqu’un ou pour m’hospitaliser mais heureusement il n’a prononcé aucun mot, même pas sur le climat. J’avais peur en même temps je savais que j’avais besoin de ce séjour. Une fois arrivé, je me suis rendu à l’accueil et ils m’ont orienté vers le bureau des consultations externes. J’ai montré la lettre que mon psy m’avait donnée mais ils m’ont demandé d’attendre. J’ai attendu assez longtemps pour fumer trop de cigarettes. J’étais ensuite admis dans un petit bureau minable, j’ai expliqué ma situation, ma maladie… La psy m’avait dit que l’hôpital était en travaux, je lui ai dis que ce n’était pas grave. On m’avait mis dans le service Skolly. La dame qui était à l’accueil m’avait dis qu’il n’était pas pour moi. Quand je suis arrivé au service l’infirmier qui était la ne croyait pas ses yeux. Il n’arrêtait pas de me demander ‘c’est vrai ? vous êtes venu tout seul ?’. Tout le monde était surpris. Ensuite quand j’ai discuté avec les patients j’avais compris que presque tout le monde était ramené par les forces de l’ordre. L’infirmier m’avait donné une sorte de pyjama ou de combinaison minable qui n’était même pas propre mais je lui ai dit que je vais rester avec mes vêtements. Tout ceci se passe dans le bureau avant l’entrée du pavillon, ensuite l’infirmier tourne le blocus pour ouvrir la porte… Mon cœur battait tellement fort que j’avais peur que les autres pourraient l’entendre. J’entre. Je regarde les patients éparpillés, les uns au sol les autres contres les murs… Il y avait une entrée vide dans laquelle se trouvait mon lit, une chambre à droite et deux chambres à gauche. Chaque chambre contient 10 lits à peu prés. C’est la première remarque que j’ai faite ensuite j’ai regardé les fenêtres, elles étaient en verre. Je me suis dit ‘comment peut on laisser des fenêtres vitrées ici, je pourrais m’auto mutiler avec un morceau de verre’. Mais je ne l’ai pas fait. Ce qui m’avait marqué aussi c’est l’hygiène qui était surement le dernier souci des employés, le service puait, les toilettes étaient vraiment dans un très mauvais état, les douches n’en parlons pas… Les femmes de ménage nettoyaient le service une seule fois par jour et ce n’était pas du tout suffisant. J’ai passé mon séjour à dormir, à pleurer à écouter de la musique et à lire. J’ai aussi bien parlé aux patients, je me suis même rapproché de certains d’entre eux. Il y avait surtout F. et H. avec lesquels je discutais beaucoup, ils m’ont vraiment aidé. Une fois, je me suis rendu au bureau de l’infirmier pour me changer mais lui, il n’était pas content. Il me cria dessus. Etant impulsif, je lui ai crié dessus à mon tour en disant que ce n’est pas une manière de traiter les malades. Quand je suis rentré dans le pavillon j’ai tellement pleuré. Heureusement que F. et H. était la pour me consoler. A vrai dire, le comportement des infirmiers envers les patients était bizarre. De un les infirmiers était non formé en psychiatrie, ce qui est inadmissible à mon gout, de deux, j’en ai vu des infirmiers insulter et frapper des patients ce qui me faisait tellement mal…

(To be continued)

12 commentaires:

Excitiabilis a dit…

je suis partagée entre une profonde tristesse et grande fierté (toi seul sais pourquoi) . il t'as fallu beaucoup de courage pour faire face a tout ça, et pour te repencher dessus en écrivant cet article , j'espère que tu en es conscient , tu as du mérite,et surtout beaucoup de cran !

esprit primal a dit…

Je ne sais pas quoi vous dire. Ce n'est pas chose facile, mais le fait d'y aller tout seul c'est beaucoup moins traumatisant que d'être alternée de force,les gens qui te regardent dans la rue, la camisole, puis même pas un pyjama mais une blouse comme on met dans les blocs opératoires et en plein hiver... Je suis passée par là et le pire c'est que je ne trouve tjs pas les mots pour le raconter, et le pire c'est que j'y étais emmenée par la personne en qui j'avais le plus confiance dans le monde...
Quant aux infirmiers ne sois pas choqué, j'ai l'impression qu'on choisi exprès des gens insensibles et rustres... non ce n'est pas spécifique à la tunisie (j'étais alternée à Saint Anne à Paris).
Bon courage. Parmi les fous on réalise que le monde appelle fous ceux qui ne sont pas fous de la folie commune, mais les vrais fous ne sont pas forcément ceux qu'on croit.

Unknown a dit…

ce que tu rapportes est si émouvant j'ai eu les larmes aux yeux en pensant à ces faibles personnes qui au lieu de leur accorder soins et un bon traitement en leur afflige peines et complications de leurs états de santé .je eu l'occasion de voir de prés la situation de razi cet hôpital fait la honte d'une société qui affiche son humanité je te l'ai déjà dit ds mon commentaire sur ton dernier post tu sera toujours mieux avec ton psy et tes médicaments loin de cette gouffre dite hôpital razi peut être que ton témoignage sensibilisera quelqu'un pour aider ces âmes faibles dit "fous" à vivre dignement leur souffrance

SNAWSI a dit…

je ne trouve pas de mots, c malheureux ce reportage de la réalité triste des malades qui vont au Razi.
Le plus important est que t'es un brave garçon, vraiment! :)

Unknown a dit…

Eh bah je n'ai pas plus que "Bon courage" à te dire!
J'ai un ami qui souffre comme toi, gravement malade psychologiquement avec une vie dure triste.. à l'hôpital psychiatrique aussi.. une fois il m'a dit : "je pleure, je ne sais pas pkoi" j'ai rien trouvé pour le consoler! On est jeune, la vie "doit" être belle pour nous.. et pourtant..
Fais toi aider! Accroches toi aux gens qui pourront le faire pour toi! Je t'assure que la solitude ne fera que sombrer ton esprit et ton coeur..

WorldGirl a dit…

Je pense que cet énorme pas que tu as fait avec beaucoup de courage est une lumière rayonnante qui illumine ce qui est sombre, je suis contente que tu as eu cette volonté de vivre cette expérience, autrement vivre "ta légende personnelle"...

tu viens juste de commencer à vivre, n'oublie jamais que le fait que tu es encore vivant après ta tentative de suicide n'est qu'une clé pour ouvrir une porte de lumière pour voir plus clairement...

vivant-mort a dit…

fier de toi mon ami, vraiment fier de toi

Anonyme a dit…

merci pour intiresny Dieu

Anonyme a dit…

j'ai vécu cette expérience mais c'est de loin d'être la même, parce que j'ai passé mon stage dans l'un des services de l'hopital Razi.
Vu ma position, je ne pouvais intervenir face à tout ce qui me semblait inadmissible par rapport aux patients.
je confirme que les infirmiers ne sont pas du tout formés dans le domaine de la psychiatrie. Ils ne savent qu'obéir aux ordres des médecins par rapport à la médication.
Bref, nous sommes encore loin de comprendre ce que c'est que d'être dans une cure en hopital psychiatrique, même la médication, est sur-dosée. Ils disent que c'est pour calmer les patients et pouvoir les gérer facilement!!! C'est encore à revoir tout ça.
je remercie bcp l'auteur de cet article pour son courage et j'espère que vous n'allez plus y revenir!
que Dieu vous préserve

wounded_spirit a dit…

Merci tout le monde pour vos réactions

Alexus a dit…

J'ai toujours était curieux de connaître les fins fonds du fameux razi. Je le pensais bien meilleur que votre description.
Bon courage surtout !

Anonyme a dit…

hello , please I want to talk to you ..