Chaque personne a sa propre personnalité : des façons de percevoir, de se mettre en rapport avec le milieu et avec soi-même. Cependant, lorsque ces traits sont rigides, mal adaptés et qu’ils mènent à une incapacité fonctionnelle importante ou à une détresse subjective on parle alors de trouble de personnalité. Onze troubles sont connus et parmi ceux là le trouble de personnalité limite (TPL) appelé aussi borderline. Le TPL est une maladie grave plus complexe et plus dévastateurs que les autres troubles de personnalités avec un taux de suicide allant jusqu’à 10% chez les personnes ayant reçu ce diagnostic. Les borderline constituent approximativement de 1 a 2% de la population générale, jusqu’à 20% de tous les patients hospitalisés en psychiatrie et 15% de tous les patients vus en consultation externes. Les trois quarts des patients diagnostiqués sont des femmes mais le trouble peut évidemment toucher n’import qui. Le terme « limite » reflétait une croyance selon laquelle ces patients étaient atteints d'une forme atypique (« limite ») d'autres conditions et qu'ils défiaient toutes limites ou contraintes auxquelles on les soumettait. Le diagnostic a été reconnu en 1980. Bien que beaucoup de progrès au niveau des connaissances et du traitement aient été réalisés au cours des 25 dernières années, le terme « limite » a souvent freiné ces progrès à cause de sa connotation négative. Les critères diagnostiques du borderline ont été définis par le DSM-IV-TR (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders). Pour recevoir le diagnostic de borderline, il faut présenter au moins 5 des 9 critères énoncés dans le DSM-IV-TR. Voici une explication détaillée de ces symptômes.
1. Peur de l'abandon : La perception d'une séparation ou d'un rejet imminent ou la perte de structures externes peut déclencher chez le patient atteint du trouble de la personnalité limite des changements de l'image de soi, de son affect, de ses perceptions et comportements. Ces personnes sont très sensibles au contexte et à l'environnement et peuvent ressentir une peur intense d'abandon, de même qu'une colère inappropriée même lorsqu'elles ne sont placées que devant une séparation de durée limitée ou lorsque qu'elles doivent vivre des changements imprévus dans ce qu'elles avaient planifié. Elles croient parfois que ces séparations surviennent parce qu'elles sont « méchantes ». Cette peur de l'abandon témoigne de leur incapacité à supporter la solitude et de leur besoin d'être entourée de gens. Des efforts effrénés pour éviter l'abandon peuvent se traduire par des actions impulsives telles que des comportements suicidaires ou d'automutilation. On pense que la peur de l'abandon est un symptôme résultant d'un attachement précoce insécurisant et qu'elle pourrait avoir une composante héréditaire. Il faut distinguer cela de l'angoisse de séparation, plus répandue.
2. Relations instables et intenses : Les personnes ayant un trouble de personnalité limite ont souvent de la difficulté à investir les proches (c'est-à-dire, les sources potentielles de soins ou de protection) autrement qu'en les idéalisant (s'il y a gratification) ou en les dévalorisant (s'il n'y a pas de gratification). Ceci fait référence à la pensée dualiste « noir ou blanc » ou à la notion de clivage. Lorsque la colère ressentie envers un proche est menaçante, une perception clivée se produit afin de préserver ce qui est bon chez ce proche. L'instabilité des relations résulte aussi de la difficulté du patient à contrôler ses émotions et à gérer ses impulsions, sa difficulté à tolérer la solitude et sa peur du rejet.
3. Perturbation de l'identité : Ce trouble émane d'une image de soi instable ou indistincte. Les patients ayant un trouble limite tiennent souvent leurs valeurs, leurs habitudes et leurs attitudes de ceux avec qui ils se trouvent. Ces problèmes d'identité sont amplifiés dans le contexte des relations interpersonnelles car ces personnes n'ont pas appris à bien identifier leurs propres émotions et à décoder les motifs et intentions de leurs actions.
4. Impulsivité : L'impulsivité de la personne ayant un trouble limite a souvent des effets autodestructeurs ou du moins des intentions. Le comportement impulsif se traduit souvent par l'abus d'alcool ou la toxicomanie, la boulimie, la sexualité à risques et la conduite auto dangereuse. Cela diffère de l'impulsivité que l'on retrouve dans la maniaco-dépression ou le trouble antisocial.
5. Comportements suicidaires ou autodestructeurs : Les comportements suicidaires ou auto-agressifs récurrents (tentatives, gestes, menaces) sont caractéristiques du trouble limite. Ce diagnostic vient donc naturellement à l'esprit en présence de comportements autodestructeurs récurrents. Ceux-ci peuvent commencer à se manifester à l'adolescence et sont habituellement déclenchés par des menaces de séparation ou de rejet ou si l'on force le patient à prendre des responsabilités dont il ne veut pas. Ce critère permet d'établir le diagnostic d'un trouble de personnalité limite chez les patients qui présentent des symptômes de dépression ou d'anxiété.
6. Instabilité affective : Dès les débuts, les cliniciens ont remarqué l'intensité, la volatilité et la gamme des émotions exprimées par le patient ayant un trouble limite. Au départ, on a associé cette instabilité émotionnelle à celles des personnes atteintes de troubles de l'humeur (dépression et trouble bipolaire). Cependant, ces changements d'humeur (dépression épisodique intense, agitation, colère, panique ou désespoir) ne durent habituellement que quelques heures et l'humeur dysphorique sous-jacente est rarement soulagée par des périodes de bien-être ou de satisfaction. Ces épisodes illustrent la réactivité extrême de la personne au stress, en particulier celui relié aux relations interpersonnelles.
7. Vide : Un sentiment chronique de vide, décrit comme un sentiment viscéral intérieur afflige le patient ayant un trouble limite. Il ne s'agit ni d'ennui ni d'angoisse existentielle. Cet état est associé à la solitude et à un grand besoin affectif. Les patients atteints du trouble de personnalité limite utilisent des mots tels que « vide », « manque », « aucun sentiment, aucune pensée, aucun rêve » pour décrire leur vécu.
8. Colère : La colère du patient ayant un trouble limite pourrait découler d'un tempérament excessif ou de la réponse du nourrisson à une très grande frustration. Que la cause soit génétique ou environnementale, les patients ressentent de la colère la plupart du temps, même lorsque cette dernière n'est pas exprimée ouvertement. La colère peut être provoquée par leur perception qu'une personne significative pour eux les néglige, les prive, les abandonne ou ne se soucie pas d'eux. L'expression de la colère est souvent suivie de honte et de culpabilité, ce qui contribue à leur sentiment d'être méchants.
9. Distorsion de la réalité : Les patients peuvent éprouver des symptômes de dissociation : un sentiment d'être dépersonnalisé ou que le monde est irréel. Ces symptômes sont généralement de courte durée, ne dépassant pas quelques jours et se produisent souvent pendant des situations extrêmement stressantes. Les patients ayant un trouble limite peuvent également avoir une conscience d'eux-mêmes irréaliste, croyant que les gens les jugent ou parlent d'eux. Par ailleurs, ces distordions de la réalité doivent être distingué de celles que l'on retrouve dans d'autres pathologies car en général, au moyen de « feedbacks », ces patients sont capables d'apporter des correctifs à leurs distorsions de la réalité.
Source: Le TPL en bref - John G. Gunderson
6 commentaires:
thx, it's interesting to know about all this. however, I think that u should read less psychological stuff :)
Bonjour wounded_spirit
Je parcoure ton blog, et je le trouve magnifique. Triste, bien sûr, car il reflète une âme en peine, mais très beau. Tu es touchant, tu écris simplement mais avec beaucoup d'émotions, de sincérité.
J'aime beaucoup.
Bon courage à toi, en espérant que le vent tourne...
Accroche toi
Marie de http://etatlimite.canalblog.com
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