« … vous allez pouvoir développer un mécanisme d’auto défense en passant par là ». C’est ce que mon psy m’avait dit concernant mon hospitalisation après ma tentative de suicide. Il m’avait dit aussi que ça me permettra de prendre du recul, de la distance. Au début, j’étais hésitant. J’étais conditionné comme la plupart d’entre nous qui avons froids au dos en pensant aux mots Mannouba, Razi, hôpital psychiatrique et autres. Franchement, j’avais peur de ce séjour chez les fous, comme l’on entend. Les fous… Personnellement, je ne trouve aucune définition à ce terme et je vais voir le sens dans un dictionnaire… Dans le dictionnaire, on dit que le fou est celui qui a perdu la raison… La raison c’est la faculté par laquelle l’homme connait et juge, c’est le bon sens. Il faut avouer que ce n’est pas la définition que tout le monde connait. Si on réalise une expérience simple en interrogeant les gens sur le sens de ce terme on dira probablement ‘celui qui parle tous seul’, ‘celui qui fait des gestes bizarres’ ou encore les malades mentaux. Ça fait vraiment mal au cœur. Comment peut-on qualifier un malade d’un fou ? Pensez vous que une personne sur cinq serait folle ? Devrais-je rappeler qu’une personne sur cinq aurait souffert d’un trouble mental au moins une fois dans sa vie (d’après l’organisation mondiale de la santé). C’est vraiment très compliqué avec les maladies mentales surtout avec toute cette stigmatisation et ce manque d’information. Parlons maintenant de mon séjour à l’hôpital… Razi se trouve à cinq dinars de taxi de chez moi, avant cela j’ai du préparé mon sac, mes vêtements, mes serviettes, un bouquin, un porte document, un stylo et aussi j’ai préparé mon téléphone en y mettant quelques films, quelques séries et beaucoup de musique. J’avais tout prévus. Quand j’étais avec le chauffeur je pensais à une réplique du film vie volée :
- qu’est ce que vous avez fait ? Vous avez l’air normal
-Je suis triste.
- Hein ! Tout le monde est triste…
Je m’attendais que le chauffeur me demande si j’y vais pour visiter quelqu’un ou pour m’hospitaliser mais heureusement il n’a prononcé aucun mot, même pas sur le climat. J’avais peur en même temps je savais que j’avais besoin de ce séjour. Une fois arrivé, je me suis rendu à l’accueil et ils m’ont orienté vers le bureau des consultations externes. J’ai montré la lettre que mon psy m’avait donnée mais ils m’ont demandé d’attendre. J’ai attendu assez longtemps pour fumer trop de cigarettes. J’étais ensuite admis dans un petit bureau minable, j’ai expliqué ma situation, ma maladie… La psy m’avait dit que l’hôpital était en travaux, je lui ai dis que ce n’était pas grave. On m’avait mis dans le service Skolly. La dame qui était à l’accueil m’avait dis qu’il n’était pas pour moi. Quand je suis arrivé au service l’infirmier qui était la ne croyait pas ses yeux. Il n’arrêtait pas de me demander ‘c’est vrai ? vous êtes venu tout seul ?’. Tout le monde était surpris. Ensuite quand j’ai discuté avec les patients j’avais compris que presque tout le monde était ramené par les forces de l’ordre. L’infirmier m’avait donné une sorte de pyjama ou de combinaison minable qui n’était même pas propre mais je lui ai dit que je vais rester avec mes vêtements. Tout ceci se passe dans le bureau avant l’entrée du pavillon, ensuite l’infirmier tourne le blocus pour ouvrir la porte… Mon cœur battait tellement fort que j’avais peur que les autres pourraient l’entendre. J’entre. Je regarde les patients éparpillés, les uns au sol les autres contres les murs… Il y avait une entrée vide dans laquelle se trouvait mon lit, une chambre à droite et deux chambres à gauche. Chaque chambre contient 10 lits à peu prés. C’est la première remarque que j’ai faite ensuite j’ai regardé les fenêtres, elles étaient en verre. Je me suis dit ‘comment peut on laisser des fenêtres vitrées ici, je pourrais m’auto mutiler avec un morceau de verre’. Mais je ne l’ai pas fait. Ce qui m’avait marqué aussi c’est l’hygiène qui était surement le dernier souci des employés, le service puait, les toilettes étaient vraiment dans un très mauvais état, les douches n’en parlons pas… Les femmes de ménage nettoyaient le service une seule fois par jour et ce n’était pas du tout suffisant. J’ai passé mon séjour à dormir, à pleurer à écouter de la musique et à lire. J’ai aussi bien parlé aux patients, je me suis même rapproché de certains d’entre eux. Il y avait surtout F. et H. avec lesquels je discutais beaucoup, ils m’ont vraiment aidé. Une fois, je me suis rendu au bureau de l’infirmier pour me changer mais lui, il n’était pas content. Il me cria dessus. Etant impulsif, je lui ai crié dessus à mon tour en disant que ce n’est pas une manière de traiter les malades. Quand je suis rentré dans le pavillon j’ai tellement pleuré. Heureusement que F. et H. était la pour me consoler. A vrai dire, le comportement des infirmiers envers les patients était bizarre. De un les infirmiers était non formé en psychiatrie, ce qui est inadmissible à mon gout, de deux, j’en ai vu des infirmiers insulter et frapper des patients ce qui me faisait tellement mal…
(To be continued)